Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol PARU DANS LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE NUMERO 15 - 2010 - |
DAVID MARTIN : UN THEOLOGIEN PROTESTANT REVELOIS DE RENOMMEE INTERNATIONALE : par Jean Paul Calvet |
« David Martin (1639-1721) s’est acquis un nom populaire dans la communion réformée à un niveau international, notamment par les corrections qu’il a faites aux anciennes versions de la Bible. » Sa traduction, sans être exempte de défauts, est encore celle qui reproduit le plus fidèlement la simplicité et la force du texte original. En 1694, il avait été invité par le synode des églises wallonnes, à entreprendre ce travail, et à y joindre des réflexions critiques. Treize ans après, il publia sa nouvelle édition de la Bible en deux volumes in-folio. Ce pasteur avait fait de la langue française une étude particulière. « Il en possédait tellement les règles et les délicatesses », dit Nicéron, « qu’il fut en état de fournir des remarques et des observations à l’Académie française ». Il les lui envoya lorsqu’elle voulut faire imprimer la seconde édition de son dictionnaire. La lettre de remerciements que l’Académie lui écrivit démontre l’importance du travail de cet illustre revélois. |
SES PREMIERES ANNEES
Le 7 septembre 1639, naissait à Revel, David Martin, fils de Paul Martin(1) et de Catherine Cardes (alias Cordes).
Ses parents ne négligèrent rien pour son éducation.
Après des débuts d’études prometteuses, il accomplit de brillantes études à Montauban, à Nîmes et à la faculté de théologie de Puylaurens.
SES ETUDES
De 1655 à 1657, il fait son cours de rhétorique à « l’Académie des Réformés de Montauban ».
A partir d’octobre 1657 à Nîmes , il suit les cours de philosophie donnés par le célèbre professeur David Derodon qui reconnaît immédiatement ses talents et des qualités estimables. Entre le maître et le disciple va se former un attachement qui ne se terminera qu’à la fin de leur vie.
David Martin soutient en 1659 avec éclat, toute une journée, les thèses « in Universam Philosophiam (2), a mane ad vesparam fine Praefide » avec un applaudissement général. Le 21 juillet 1659, à l’âge de vingt ans, il prendra le grade de maître-ès-arts et sera reçu Docteur en Philosophie…
Il va s’appliquer ensuite à l’académie de Puylaurens (l’académie de Montauban ayant été transférée à Puylaurens) à étudier la théologie et va dépasser le cadre de l’enseignement donné par ses professeurs.
Il étudiera en même temps, l’histoire ecclésiastique et les langues orientales (l’hébreu en particulier), pour lesquelles il va exceller.
Ses professeurs seront Verdier et André Martel, David Martin va assister avec beaucoup d’assiduité à leurs leçons, et profitera ainsi de leurs « connaissances ».
Mais son esprit vif ne va pas se contenter de cet enseignement « trop académique » et trop lent à son goût.
Il va rechercher des « données » particulières, et va dépasser souvent le cadre de cet enseignement.
David Martin va très vite se faire remarquer par ses condisciples et coreligionnaires, surtout pour son application et ses succès.
Il se passionnera pour l’Ecriture Sainte, les Ecrits des Pères et ceux des Commentateurs de la Bible. Pour se délasser, il aimait lire les chefs d’œuvre de l’antiquité.
David Martin travaille avec beaucoup d’énergie, l’excès et sa passion pour les études vont altérer sa santé.
Trop de tension cérébrale et pas assez d’exercice physique vont le rendre très malade. Il s’en relèvera toutefois.
LE PREMIER MINISTERE
En décembre 1663, à peine guéri, il se rend à un synode provincial qui se réunit à Mazamet avec un ami. Son ami devant être promis à un ministère lors de cette assemblée.
Dès qu’il y fut arrivé, plusieurs membres du Synode, et le Synode même, le pressèrent d’accepter la vocation de l’église d’Espérausses (3) dans le Diocèse de Castres.
Devant l’insistance, il ne put s’en défendre. Pendant sept années, David Martin gèrera avec succès cette paroisse, et sera apprécié de ses paroissiens.
LE MARIAGE
A vingt-sept ans (en juin 1666), il va épouser Florence de Malecare (4) , de cette union naîtront trois fils (5) et deux filles(6).
NOUVEAU MINISTERE A LACAUNE En 1670, il obtient l’église de Lacaune(7)qui est une paroisse très importante (800 à 900 communiants). Il va l’administrer avec fermeté(8) mais aussi avec prudence jusqu’à la Révocation de l’Edit de Nantes (9) Il refusa en 1681, la chaire de théologie à l’académie protestante de Puylaurens restée vacante après la mort de Théophile Arbussi (10) (cette chaire lui avait été proposée en septembre 1681 par le synode provincial). DAVID MARTIN EST ATTAQUE… Par ses valeurs humanistes, David Martin rendit d’importants services à la population, comme on l’a dit plus haut, même les catholiques venaient le solliciter. David Martin était prudent, cette prudence en faisait la « personne ressource » lors de problèmes, de différends. C’était un fin diplomate. Il était toujours chargé des affaires délicates qui pouvaient opposer l’église protestante au clergé romain. David Martin gênait, faisait ombrage, l’église romaine lui fit donc un procès (11) … Il se défendit avec beaucoup de dignité, de force et d’esprit. Il réussit même à confondre ses accusateurs. L’évêque de Castres dut même reconnaître son innocence… Malgré cela, c’était un homme en danger, notamment lors de la Révocation de l’Edit de Nantes. Son temple fermé, il ne pouvait plus exercer son ministère (12) |
Un portrait de David Martin> |
Ce sont des catholiques (amis de ses amis) qui vont le prévenir qu’on doit venir l’arrêter.Cette famille catholique va lui donner les moyens de fuir, et lui offrira un refuge en cachant quelque temps sa femme et ses enfants.David Martin va émigrer, et va se réfugier en Hollande ; sa famille le rejoindra quelque temps après (la réunion se fera le 9 novembre 1685 à La Haye).
Le temps difficile de la persécution En 1685, avec la révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV, les protestants commencent à être pourchassés : ils sont interdits de séjour en France. Ceux qui ne s'exilent pas doivent abjurer, c'est-à-dire renier leur foi et entrer dans le Catholicisme. L'époque est troublée : c'est le temps des persécutions qui précèdent cette révocation de l'Edit de Nantes : sous l'influence du clergé catholique, des ministres Colbert et Louvois, se développent les dragonnades: des militaires sont logés de force chez les protestants et en profitent pour les maltraiter (viols, vols, coups, humiliations). Une seule solution pour échapper à ces missionnaires bottés: abjurer le calvinisme et se faire catholique … ou s’exiler. C’est ce que fera David Martin … |
L’ EXIL A LA HAYE
Au mois de novembre de l’année 1685, David Martin arrive à La Haye.
Avec plusieurs autres ministres réfugiés, David Martin sera mis « à la pension » pendant quelque temps, puis sera rapidement mis « au service ordinaire » (ses grandes compétences étaient déjà reconnues).
L’église d’Utrecht
Peu de temps après, on lui donna une place à Utrecht comme « ministre surnuméraire » (13). Il sera installé par le Pasteur E. Saurin en 1686.
Le 16 février 1686, les « Magistrats de Deventer » lui proposèrent la « vocation » de Professeur en théologie et de pasteur de l’église Wallonne de cette ville.
Mais à Utrecht, les édiles ne voulaient pas le laisser partir et s’opposèrent à son départ. Il sera nommé pasteur à Utrecht, le 11 mars 1688.
Certains amis (dont Graevius) lui conseillèrent de n’accepter ce poste qu’avec la chaire de professeur… Mais Martin, modeste, pensa différemment.
Il pensait déjà être largement honoré par la bienveillance et l’estime de tous. Il n’exigea aucune condition.
Il aurait pu par exemple prendre la place d’Isaac Claude (décédé en 1695) qui était le fils de son ami et allié Jean Claude (ministre à Charenton).
Au lieu de prendre sa place, il prit en charge ses enfants devenus orphelins. Il fut leur tuteur (14).
Par la tendresse et l’affection qu’il leur prodiguait, il démontrait ainsi qu’il les regardait comme ses propres enfants.
S’il ne voulut pas être professeur, David Martin donnait chez lui des leçons de philosophie ou de théologie à de jeunes gens venant parfois de pays différents.
De jeunes seigneurs, des fils de souverains (ceux de Hollande) lui ont fait l’honneur de lui demander des heures d’entretien.
David Martin, homme d’ordre, clair dans ses idées, donnait beaucoup de netteté aux choses abstraites.
Modeste et sans ambition, il n'aspirait pas à un poste élevé; il ne cherchait pas à briller, mais à être utile.
Devenu pasteur titulaire dans cette dernière ville, il se prépara à son grand travail sur la Bible en publiant :
Le Nouveau Testament expliqué par des notes courtes et claires sur la version ordinaire des Eglises réformées (1696) et l'Histoire du Vieux et du Nouveau Testament (1700) (15)
L’ancienne version genevoise de la Bible avait un peu vieillie, et était remplie de vieilles locutions. Il fallait la « rajeunir ».
Le synode des églises wallonnes demanda à David Martin de réviser cette ancienne version. Il le fit avec « brio ». La nouvelle version appelée depuis « Bible Martin » fut éditée à Amsterdam en deux volumes en 1707. Sa maitrise de l’hébreu lui permit d’expliquer toutes les singularités et les difficultés du texte.
De nombreuses sociétés bibliques ont continué jusqu'au XIXème siècle à réimprimer le texte de Martin.
En 1713, il fut l’auteur d’un « Traité de la religion naturelle », qui eut un grand succès.
David Martin fit aussi partie de la commission de quatre pasteurs nommés par le synode wallon pour travailler à la délivrance des « confesseurs » prisonniers en France, commission qui ne put rien obtenir des plénipotentiaires réunis à Utrecht.
Toutefois en 1703, David Martin obtient l’échange de Jacques (son neveu ?), lieutenant au régiment de Rochebrune (fait prisonnier et conduit à Dunkerque), contre un officier nommé Valette prisonnier à Groningue.
LES RELATIONS AVEC LE « MONDE DES LETTRES »
David Martin était en relation épistolaire avec plusieurs savants et personnes de distinction (entre autres Dacier, Sacy, Cuper).
Par sa connaissance approfondie de la langue française (16), il adressa à l’Académie Française créée en 1635, des remarques, des propositions , notamment sur la deuxième édition du Dictionnaire.
Il reçut de nombreux remerciements et notamment une lettre très flatteuse de cette académie.
Il écrira une douzaine d’ouvrages de science, de polémique et « d’édification ». Les frères Haag (17) en donneront la liste détaillée.
Sur l'illustration, la campagne d'Utrecht, en bordure du Rhin, telle que David Martin a pu la découvrir à la fin du XVIIe siècle. (Gravure de Johannes Ruischer, XVIème siècle).
DECES DE DAVID MARTIN
À quatre-vingt deux ans, David Martin professait encore avec beaucoup de compétence et de vigueur d’esprit.
Le 7 septembre 1721, il prêcha sur la « Sagesse de la Providence divine » et sur « la Création » avec une force qui étonna tout son auditoire. Le sermon achevé, il ne put descendre de chaire qu’en s’appuyant sur le bras de ses amis. Il fallut le transporter chez lui.
Une fièvre violente l'enleva en deux jours, le 9 septembre, à huit heures du soir.
Ce pieux théologien avait toujours souhaité mourir en sortant de la maison de Dieu. Il est enterré dans l’église Saint-Pierre d’Utrecht.
ANNEXES
1/ TROIS portraitS de David Martin.
"Il parlait avec autant de facilité et aussi bien qu'il écrivait. On ne s'en étonnera pas si l'on fait attention qu'il avait l'esprit vif, pénétrant et très présent, la mémoire heureuse, le jugement excellent. Il cherchait toujours à s'instruire: continuellement, il faisait des questions, sans avoir la fausse honte de donner à connaître qu'il ignorait quelque chose ; tout excitait sa curiosité: les arts, les sciences, les affaires. Cependant rien ne se confondait dans son esprit, il ne mettait chaque chose qu'en sa place... Avec lui la conversation ne tarissait jamais, il y portait la franchise et la gaieté de son pays : il était plein de feu et il avait la répartie prompte... A le considérer du côté du cœur, on le trouvait affectueux, tendre, compatissant. Il était si attaché à ses amis qu'on l'a vu, trente ou quarante ans après leur mort, s'intéresser vivement au sort de ceux qui leur avaient appartenu."
Ecrit par un fils d’Issac Claude dont le prénom nous est inconnu (Tiré des « Souvenirs sur sa famille » daté de 1733).
« Son style est généralement clair et correct; mais il est un peu dur et manque presque toujours de chaleur et de mouvement. Dans ses écrits de polémique, il se montre d'une orthodoxie rigide, ennemi de toute nouveauté; cependant il combat toujours ses adversaires avec modération et courtoisie.
Ses sermons sont remplis de pensées solides, mais monotones et froids. Ce sont ses travaux sur la Bible qui le recommandent surtout à l'attention de la postérité, et qui le placent parmi les théologiens protestants du XVIIe siècle renommés pour leur érudition. »
« Le sieur Martin est (dit-on vers 1688) d’une taille médiocre, mince et maigre, le visage assez petit et un peu rouge, les yeux grands et beaux, les cheveux noirs, portant perruque noire, un peu chauve »
D’après les archives Hérail C279.
2/ L'érudition de David Martin, théologien
« David Martin s'appliqua avec un soin particulier à l'étude de la Langue Française et il en possédait si bien les règles qu'il n'hésita pas à envoyer à l'Académie Française des remarques, lorsqu’elle voulut faire imprimer une seconde édition de son fameux « Dictionnaire ». Le comité trouva ses observations judicieuses si l'on en croit la lettre de remerciement très flatteuse qui lui fut adressée en retour.
Martin est l'un des meilleurs écrivains du Refuge (c'est-à-dire de la communauté protestante française exilée à l'étranger depuis la révocation de l'Edit de Nantes). Ses travaux sur la Bible lui assignent un rang honorable parmi les pasteurs du XVIIème siècle, tous renommés pour leur érudition. Son style est clair et correct bien que certains critiques lui reprochaient un manque de souplesse et de chaleur. David Martin s'est montré tout à la fois un protestant rigide dans ses convictions, ennemi de toute nouveauté. Cependant il combattait toujours ses adversaires avec modération et courtoisie, dans un esprit de douceur, de pacifisme et de conciliation. Ses sermons sont remplis de pensées solides.
Ce ne fut donc que dans l'exil que David Martin chercha à tirer profit de ses immenses connaissances en composant des ouvrages destinés à l'instruction et à l'édification des églises protestantes ».
Sources : www.biblemartin.com
3/ LA BIBLE MARTIN
David Martin va s’attacher à faire des corrections aux anciennes versions de la Bible. Il va aussi la traduire, elle ne sera pas exempte de défauts mais elle aura à cette époque le mérite de traduire fidèlement dans un style simple, la force du texte original.
On a vu plus haut dans l’article, qu’il avait été invité par le synode des églises wallonnes en 1694, à entreprendre ce travail, tout en y adjoignant des réflexions critiques. Dès 1694, David Martin avait annoté le Nouveau Testament et retouché le texte de la version en usage.>
Le Synode, pleinement satisfait de ce travail, engage le pasteur d'Utrecht à le publier incessamment et l'exhorta à faire de « semblables notes » sur le Vieux Testament ... Lorsque les modifications de la Bible furent terminées en 1707, le nouvel ouvrage revu par David Martin fut universellement adopté par les Eglises françaises de Hollande, Suisse et d’Angleterre. Elle est depuis restée en usage dans ces trois pays, étant considérée comme une œuvre classique.
Dès le XIXème siècle, les sociétés bibliques situées en France, en Suisse, en Angleterre et en Amérique contribueront à répandre largement la Bible de Martin dans le monde entier.
La version de Martin est travaillée avec soin, et ses notes ont largement dépassé celles de Desmarets (qui avaient été longtemps en vogue).
Beaucoup de lecteurs (y compris Adolphe Monod) préféraient la version de « Martin » à celle d’Ostervald.
Chez « Martin » on y trouvait de la force, de la simplicité, plus de saveur et d’énergie. D’autres lecteurs (Encontre par exemple) la trouvent plus conforme aux originaux et s’accordant mieux avec les versions anglaises, hollandaises et allemandes, le style en est supérieur… (cf. : Archives du Christianisme).
« Du point de vue de la tradition strictement réformée, le dernier témoin majeur dans la lignée de cet héritage orthodoxe et catholique millénaire d’une exégèse véritablement biblique fut le pasteur français David Martin » (18).
La bible Martin de 1707 |
Le pasteur Timothée Ross penché sur une bible originale de 1707 qu’il avait emportée lors de sa conférence du vendredi 16 octobre 2009 à la mairie de Revel et concernant David Martin |
Entreprise à la demande des églises wallonnes, cette révision de la Bible de Genève fut approuvée, en mai 1710, par le synode de Leuwarden.
Martin y a joint une préface générale sur les versions du texte sacré ; des notes théologiques, morales et critiques ; des préfaces particulières à chaque livre et l'indication des passages parallèles.
Le style, retouché par l'auteur dans ce qui avait vieilli, eut bientôt besoin d'être de nouveau rajeuni.
En 1744, un pasteur de Bâle, Pierre Roques, en fit une révision. Puis, les pasteurs de Genève, sous la direction du pasteur neuchâtelois Jean-Frédéric Ostervald (19), procèderont aussi à une révision de la bible de David Martin. Cette bible « révisée » sera connue sous le nom de « Bible Ostervald ».
« Ostervald a révisé plus directement la Bible de Genève en consultant la version de Martin. Mais il n’a pas révisé la Bible de Martin. Son travail final a été publié en 1744. La même année est publiée une révision de la version de Martin par le pasteur Pierre Roque. C’est la révision de Pierre Roques qui est devenue par la suite la plus répandue des Bibles Martin» (informations transmises par Ph. Lacombe).
4/ SES ECRITS
1680 -
En l’année 1680, il écrivit contre « l’Exposition de la Doctrine de l’Église Catholique rédigée par M. Bossuet.
Son livre passa sous les yeux des pasteurs commis par le Synode pour l’examen des livres de Religion, et en fut extrêmement approuvé. Mais divers contretemps survenus alors, en suspendirent l’impression, et ce texte n’a depuis jamais été imprimé.
La même année, il entreprit un « Commentaire Latin sur l’Épître aux Éphésiens », qu’il poussa jusqu’au 4ème chapitre, mais deux grandes maladies causées par trop de travail et de fatigue, interrompirent cet ouvrage, qui est demeuré imparfait.
1696 –
A Utrecht, chez F. Halma, in-4°, il publie : "le Nouveau Testament de Notre Seigneur Jésus-Christ expliqué par des notes courtes et claires sur la version ordinaire des églises réformées : avec une préface générale touchant la vérité de la religion chrétienne, et diverses autres préfaces particulières sur chacun des livres du Nouveau Testament.",
Premières pages de la « Bible Martin » de 1707
En Hollande, il fut prié de faire des notes sur le Nouveau Testament. Il travailla à cet ouvrage avec application, retoucha la version ordinaire dans ce qu’elle avait de trop vieux par rapport au langage, fit de nouvelles préfaces sur chacun des livres sacrés du Nouveau Testament et en mit une longue et très instructive à la tête de cet ouvrage, sous le titre de « Considérations Générales sur la Religion Chrétienne ». Cet Ouvrage a été imprimé à Utrecht in-4° l’an 1696.
"L'ordre des livres" de la bible Martin 1707
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La bible de 1563 publiée à Lyon … C’est à partir de cette bible que David Martin a étudié et modifié la « sienne ». |
Dans la préface générale, Martin défend l'autorité de l'Ecriture et la vérité de la religion chrétienne contre les Sociniens et les Juifs. Les notes sont dogmatiques ou simplement littéraires. On a fait usage de ces notes dans l'édition du Nouveau Testament, traduit en français selon la Vulgate, édition évidemment catholique, publiée à Bruxelles, 1700, 4 vol. in-12
1699 -
Réponse à la lettre pastorale adressée, en mars 1699, par l'archevêque de Paris aux nouveaux catholiques de son diocèse. Ouvrage inconnu à Claude, à Prosper Marchand et à Chauffepié, mais attribué à D. Martin par le Catalogue de la Bibliothèque royale.
1700 -
En 1700, sort à Utrecht un volume in-12° intitulé "Rome convaincue d'avoir usurpé tous les droits qu'elle s'attribue injustement sur l'Eglise chrétienne". C'est une réponse de David Martin à une lettre pastorale adressée en mars 1699, par l'archevêque de Paris, aux nouveaux catholiques de son diocèse.
La même année, chez P. Mortier à Amsterdam, est publiée une "Histoire du Vieux et du Nouveau Testament ", en 2 vol. in-folio. C'est un chef d'œuvre d'imprimerie auquel David Martin a contribué. Il légende les 424 excellentes gravures contenues dans cet ouvrage hors du commun. Elle a été plusieurs fois réimprimée et traduite en hollandais. A titre informatif, pour illustrer la valeur de cette édition, il faut savoir qu'au début de l'année 2002, un exemplaire original était en vente sur le web, chez un antiquaire américain, au prix de quelques 11 500 $ !
Elle est plus connue sous le titre de « Bible de Mortier », du nom de l’éditeur, et est fort recherchée pour les belles estampes dont elle est ornée.
La planche de la dernière gravure de l’Apocalypse (t. 2. p. 145) s’étant rompue pendant le tirage, on fut obligé de la reclouer pour épargner les frais d’une nouvelle planche. Cet accident a donné lieu à la dénomination d’exemplaires « avant ou après les clous »; les amateurs préfèrent les premiers comme renfermant les meilleurs épreuves. Il parut la même année, une édition avec le texte en hollandais; elle passe pour contenir les premières épreuves des gravures; mais c’est une erreur (voir le manuel du libraire, par M. Brunet, t. 2 p. 112).
L’ouvrage de Martin a été réimprimé à Genève, 3 vol. in-12, sans fig.; et Amsterdam, in-4°, avec de petites estampes. Auteur, imprimeur et graveurs ont rivalisé de zèle pour faire de cet ouvrage un chef-d’œuvre.
1707 -
Martin fut ensuite chargé par le Synode des Églises Wallonnes d’éclaircir le Vieux Testament par des notes semblables à celles qu’il avait faites sur le Nouveau, et quelques libraires s’empressèrent d’en demander l’impression.
Il s’y engagea, fit des notes savantes, augmentant en plusieurs endroits celle du Nouveau Testament, retoucha la version de L’Ancien par rapport au langage, et mit à la tête de chaque livre, des préfaces particulières, ainsi qu’à la tête de tout l’ouvrage une préface générale remplie d’érudition et de littérature sacrée. Cette Bible fut imprimée en 1707 en deux volumes in-fol. à Amsterdam chez Desbordes, Mortier, et Brunel. Les mêmes libraires la réimprimèrent en 1712 in-4° avec les passages parallèles, et de petites notes en marge. Elle fut aussi imprimée l’an 1710 in-12 à Amsterdam, chez les Wetstein sans notes ni parallèles. On a mis à la tête de cette dernière édition la préface des anciennes bibles de Genève, comme si c’était l’ancienne Version.
1707 –
« La Sainte Bible, qui contient le vieux et le nouveau testament, expliqués par des Notes de Théologie et de Critique sur la Version ordinaire des Eglises Réformées, revue sur les originaux et retouchée dans le Langage : avec des préfaces particulières sur chacun des Livres de l'Ecriture sainte, et deux préfaces générales sur l'Ancien et le Nouveau Testament ». Par David Martin, pasteur de l'Eglise Wallonne d'Utrecht, à Amsterdam, chez Henry Desbordes. Pierre Mortier. Pierre Brunel. MDCCVII.
1708 –
« Sermons sur divers textes de l'Ecriture Sainte », Amsterdam, 1708, in-8°. La réputation que Martin s’était acquise par ses prédications, fit souhaiter l’impression de ses Sermons, et il se détermina pour cette raison à les donner au public.
1710 -
« L’Excellence de la Foy & de ses effets, expliquée en vingt Sermons dans le Chapitre onzième de l’Épître aux Hébreux », prononcés à Utrecht dans les années 1708-1709, à Amsterdam in 8° deux vol. Ces Sermons n’en furent pas moins bien reçus que les premiers; ils sont actuellement d’autant plus recherchés qu’ils ne sont pas aisés à trouver.
1712 -
« Traité de la religion naturelle », Amsterdam, P. Brunel, 1712, in-8; trad. en hollandais, Utrecht, 1720, in-8°; en angl., Londres, 1720; en allemand, Leipzig, 1735, in-8°. Cet ouvrage plein de solidité, de force et de clarté eut un véritable succès. Les hollandais ont voulu avoir cet ouvrage en leur langue et la traduction hollandaise fut imprimée à Utrecht en 1720. Les anglais l’ont aussi traduit en leur langue, et fait imprimer à Londres la même année, puis les allemands en 1735.
1715 -
En 1715, David Martin publie à Amsterdam un traité critique intitulé "Le vrai sens du Psaume Cent, opposée à l'application qu'en a faite à David Martin l'auteur de la dissertation insérée dans les trois premiers volumes de l'Histoire critique de la république des lettres". Dans ce traité, David Martin s'oppose aux assertions du pasteur français Jean Masson, établi en Angleterre, qui proposa en 1713 une interprétation particulière du Psaume 100. L’explication de Masson avait été condamnée par le synode de Breda, qui, croyant devoir user de ménagement envers l’auteur, ne l’avait point nommé. Masson, trop orgueilleux pour avouer ses torts, soutint son sentiment par un écrit particulier, dans lequel il attaqua Martin comme membre du synode; Martin lui opposa l’ouvrage qu’on vient d’indiquer, et laissa la réplique de son adversaire sans réponse.
1717 -
En 1717, dans "Deux dissertations critiques" publiées à Utrecht, David Martin soutient l'authenticité du passage des trois témoins de 1 JEAN 5:7, et de celui del'historien Josèphe touchant Jésus-Christ. Son opinion sur 1 JEAN 5:7 déclencha les critiques de deux adversaires. Le premier était Thomas Emlyn, un socinien qui refusait ce passage sous prétexte qu'il établissait l'unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; le second était le Pasteur Lelong qui refusait ce passage sous prétexte qu'il manquait dans les manuscrits ayant appartenu à Robert Estienne. David Martin déploya beaucoup de zèle dans cette controverse. Utrecht, 1717, in-8°; trad. en anglais, Lond., 1719, in-8°.
1719 -
Examen de la réponse de M. Emlyn à la « Dissertation critique » sur 1 Jean 5:7, Londres, 1719, in-8°.
En 1719, parution à Leuwarden d'un "Traité de la religion révélée, où l'on fait voir que les livres du Vieux et du Nouveau Testament sont d'inspiration divine ; on donne des règles générales pour les expliquer, et l'on prouve invinciblement, contre les hérétiques modernes, les vérités des plus profondes doctrines de la religion chrétienne." Leuwarde 1719 in-8° deux vol. Ce traité sert de suite et d’achèvement à celui de la Religion naturelle.
1720 –
A Utrecht, un autre traité : "La vérité du texte de I Jean 5 :7 démontrée par des preuves qui sont au-dessus de toute exception". Utrecht, 1720, in-8°; trad. en anglais, Londres, 1722, in-8°.
1720 -
« L’Excellence de la foi et de ses effets, expliquée en vingt sermons sur le chapitre 11 de l’Epître aux Hébreux », ibid., 1720, 2 vol., in-8°;
On trouve, en outre, de David Martin, une « Réponse à la lettre du P. Lelong », relative aux fameux passages de I Jean 5 :7, dans « l'Europe savante ». (T.XII), et « In lucii Caecilii Librum ad Donatum Demortibus persecutorum notae, ins. dans les Miscellan. Observationes criticae » d'Amsterdam (T. X, 2e partie).
Les raisons par lesquelles Martin défend ici les Manuscrits de Robert Estienne sont au fond les mêmes que celles dont il a fait usage dans le livre précédent, il n’y a que le ton qui soit un peu différent. Mais il crut devoir opposer ainsi « Lettre à Lettre », et « Journal à Journal », parce que ce point de littérature est d’une grande conséquence pour le passage de St. Jean, dont il a défendu l’authenticité.
1742 -
Dans le recueil des Lettres de Cuper. Amsterdam, 1742, in-4°, on en trouve six adressées à D. Martin (20).
NOTES COMPLEMENTAIRES
1/ D’après les « archives Hérail » (C 274) son frère Pierre Martin avait à Revel ses biens en régie en 1714, il était ainsi noté en 1699 : « Martin marchand et sa femme sont fort opiniâtre, et mériteroient un éloignement de Revel et d’être ainsi mis dans quelque ville catholique ».>
2/ Jean Jacques Martin, né dans le diocèse de Castres vers 1671, proche parent de David, fut d’abord pasteur à Ham ; plus tard ministre de l’église française de Copenhague (1713 – 1720), il fut chargé d’organiser la nouvelle colonie de Frédéricia dans le Jutland (1720 – 1728) ; il passa les deux dernières années de sa vie à Holtzapfel près de Coblenz, où il mourut le 6 février 1730.
3/ « David, le fils de David Martin a essayé de faire un élevage de ver à soie avec des mûriers. Son entreprise n’aurait pas vraiment réussi. Il y avait l’image d’un sceau à côté du texte. » (transmis par M. Philippe Lacombe)
4/ « La version de la Bible Martin de 1707 a été réimprimée en 1710 tandis que l’édition de 1712 est une légère révision de 1707 par David Martin lui même. Donc avant la Bible de Martin révisée par Pierre Roques en 1744, il existait deux versions de « MARTIN » qui circulaient en même temps, l’une de 1707, l’autre de 1712 réimprimées plusieurs fois jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.
Plus étrange encore, j’ai encore une Bible Martin de 1770 dont le Nouveau Testament est le texte de 1712 et l’Ancien Testament de 1707 dans un seul volume ! Je précise que cette bible n’est pas une révision de Pierre Roques. Elle contient en plus le psautier huguenot révisé par le Synode des églises Wallonnes, la Confession de la Rochelle et le catéchisme de Calvin. Certaines bibles se vendent chez un antiquaire américain pour la somme de 11500 dollars américains…
Trois versions différentes de la Bible Martin sont disponibles aujourd’hui :
une Bible Martin 1855 sur papier
et les Bibles Martin 1744 et 1707 sur internet »
La Société Biblique trinitaire de Londres (TBS) prépare actuellement une révision de la Bible de Martin en s’appuyant sur l’édition de 1712.(transmis par M. Philippe Lacombe)
5/« Au verso de la photo du portrait de David Martin que nous avons se trouvent quelques informations : David Martin, né en 1629 dans le Languedoc en France. A obtenu le grade de docteur dans l’Université Française avec honneur. A traduit la Bible et il a travaillé sur le dictionnaire français. A fui la France sous Louis XIV de Lacaune à Utrecht où il a été installé comme Pasteur par le Pasteur E. Saurin en 1686.Il a prêché là jusqu’au 10 juillet 1707. Mort le 9 septembre 1721. Enterré à l’église St Pierre d’Utrech. Une peinture de lui se trouve dans un musée à Bristol (Angleterre) (avec une robe rouge, crème jabot, perruque rouge). Des descendants de David Martin seraient installés actuellement au Texas et en Géorgie (U.S.A) » (informations transmises par le Consistoire de l' Eglise Saint-Pierre à Utrecht)
« Il y a un article biographique récent sur Martin, bien fouillé et détaillé, rédigé par F.R.J. Knetsch, dans le Biografisch lexicon voor de geschiedenis van het
Nederlandse protestantisme, vol. 6, Kampen : Kok, 2006, pp. 181-183, avec une bibliographie exhaustive de tous ses travaux et des dizaines d'articles le concernant.
Il existe aussi une étude récente excellente sur la traduction de la Bible par Martin, également rédigée par F.R.J. Knetsch :A French bible reproduced in the Netherland. » (informations transmises par M. le Professeur Henk Jan de Jonge (Hollande)
BIBLIOGRAPHIE
F.R.J. Knetsch, dans le Biografisch lexicon voor de geschiedenis van het Nederlandse protestantisme, vol. 6, Kampen : Kok, 2006, pp. pp. 181-183, avec une bibliographie exhaustive de tous ses travaux et des dizaines d’articles le concernant.
F.R.J. Knetsch - A French bible reproduced in the Netherlands: La Sainte Bible par David Martin, pasteur Wallon à Utrecht, in: A.A. den Hollander et M. Lamberigts (red.), Lay Bibles in Europe 1450-1800 (BETL 189). Leuven: Peeters, 2007, p. 279-296.
Guillaume-Adam DE FÉLICE (Histoire des Protestants de France. Paris. J. Cherbuliez. 1851. pp. 474,475.)
Histoire des réfugiés protestants de France, de la Révocation de l'Édit de Nantes jusqu'à nos jours. Par Charles Weiss. Paris. Charpentier. 1853. p. 90.>
Jean-Henri-Samuel Formey, Conseils pour former une bibliothèque peu nombreuse, mais choisie. A Berlin. Chez Haude et Spener. 1755. p.2 et 3. Histoire de la Bible en France. Daniel Lortsch. Agence de la Société biblique britannique et étrangère. 1910. p. 139.
Dictionnaire de la Bible ou concordance raisonnée des Saintes Écritures. Jean-Augustin Bost. 1849. Librairie Protestante. p. 145.
Histoire et influence des Églises Wallonnes dans les Pays-Bas. Par David F. Poujol. 1902. Fischbacher. p. 260.
Patrimoine littéraire européen. Par Jean-Claude Polet. 2000. De Boeck Université. p. 476.
Claude, Notice dans les Mémoires du P. Niceron, XXI –
Chaufepie, Dictionnaire historique.
Prosper Marchand, Dictionnaire
Biographie castraise ou tableau historique analytique et critique, des personnages qui se sont rendus célèbres à Castres ou dans ses environs…. Par Magloire Nayral. Tome II. Castres. 1834. Imprimerie de Vidal Aîné. p 434-448.
Haag frères, La France Protestante. ou, La France Protestante, t.
Nouvelle Biographie Générale depuis les temps les plus Reculés jusqu’à nos jours, avec les renseignements bibliographiques et l’indication des sources à consulter, sous la direction de M. Le D’Hoefer, publié en 1861, Paris, Firmin Didot frères, fils et cie, T 34, p. 34
Recueil des Lettres de Cuper. Amsterdam, 1742, in-4°,
Biographie Universelle Ancienne et Moderne, XXVII. Joseph Fr. Michaud. Paris et Lepzig chez Mme C. Desplaces. pp. 125-126.
La France Protestante, Tome VII, MM. Eugène et Emile HAAG, Paris, 1857. p. 297-300.
Mémoires pour servir à L'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres, Jean-Pierre Nicéron, Paris, 1733, T. XXI, p. 270-292.
Die protestantische Kirche Frankreichs von 1787 bis 1846 (L'église protestante de la France de 1787 à 1846). Par Johann Karl Ludwig Gieseler. 1848 Breitkopf und Härtel. p. 355.
Histoire du Protestantisme dans l'Albigeois et le Lauragais jusqu’à la Révocation de l'Edit de Nantes (1685) Par Camille Rabaud. Sandoz et Fischbacher. 1873. P. 341 à 344.
Histoire du Protestantisme dans l'Albigeois et le Lauragais depuis la Révocation de l'Edit de Nantes (1685) jusqu'à nos jours. Par Camille Rabaud. Paris. Fischbacher. 1898. p.73 et 74.
La Vie de D. Martin par Claude
Gaston Tournier « Les réfugiés du Pays Castrais
Archives Hérail aux Archives Départementales du Tarn La famille Hérail est une famille protestante des Monts de Lacaune (il y aurait de la descendance à Vabre et Gijounet).
Bible de Genève
Moreri Louis – 1732 – Le grand dictionnaire historique ou le mélange curieux de l’histoire sacrée. Tome V. A Basle chez Jean Brandmuller
Remerciements
Je voudrai remercier tout particulièrement M. Philippe Lacombe, responsable du site internet « Martin 1707 », qui a relu attentivement mon texte et m’a apporté des corrections et informations importantes sur notre compatriote David Martin et la Bible Martin et Ostervald, qu’il reçoive dans ces lignes l’expression de ma profonde gratitude. Je remercie aussi : |
NOTES Il aurait été deux fois consul de Revel (cf. Camille Rabaut « Histoire du protestantisme »), mais nous n’avons pas retrouvé son nom dans la liste des consuls connus de Gustave Doumerc. Un Pierre Martin a aussi été consul en 1555 (liste de Doumerc Gustave) . Il s'agissait de disserter, en toute improvisation, avec les membres du jury sur des thèmes philosophiques pris au hasard. Cette paroisse était alors agitée par de nombreuses dissensions
Florence de Malecare est la fille de Pierre de Malecare, gentilhomme et avocat à la chambre de l’édit mi-partie de Castres. Elle est distinguée par sa beauté, par sa vertu et son mérite… Elle aura cinq enfants.
David(1672) marchand à Londres en 1697 (livre des témoignages de l’église de Threadneedle St), Louis et Paul (1668), il existerait aussi un autre Paul Martin (même prénom que le grand-père) qui a 18 ans lorsque son père David meurt en 1721),il est pasteur à Lacaune (cf. Camille Rabaud, Histoire du protestantisme dans l’Albigeois et le Lauragais depuis 1685, p.81). Ses fils Paul et David, restés en France jusqu’après 1690 auprès de leur oncle Malecare, reçurent une pension de 155 l. sur ses biens. Ceux-ci qui étaient situés à Revel, comprenaient la métairie du Padouenc et étaient évalués tantôt à 2300 l. tantôt à 4000. Il étaient en régie en 1699 ; Pierre Martin (son frère) en avait la jouissance en 1704 (en 1714 aussi archives Hérail C298). Marie (28 mars 1681) qui épousera M. Renouard marchand à Londres et Florence (5 septembre 1682) qui entra dans la Société de La Haye ; elle sera en butte aux calomnies de la Chapelle. |
On lui proposa plusieurs fois le ministère de l’église de Millau, puis la chaire de théologie de Puylaurens. Il ne voulut jamais consentir à quitter son église.
Pendant ces périodes troubles, il avait le respect des catholiques qui appréciaient l’aménité de ses propos. Cette église lui donnait de pénibles et continuelles occupations provoquées par des différends entre habitants. Son intelligence et son sens des affaires civiles lui permettaient d’éviter les « frictions » ou procès entre personnes. Les catholiques eux-mêmes recherchaient son arbitrage… Le 18 octobre 1685, en son château de Fontainebleau, le roi Louis XIV révoque totalement l'Édit de tolérance signé à Nantes par son grand-père Henri IV en 1598. Applicable à l'ensemble du royaume sauf à l'Alsace récemment annexée, le nouvel édit sera à l'origine d'un traumatisme durable dans les consciences. Le 22 octobre 1685 l’église de Lacaune sera fermée. Théophile Arbussi fut pasteur à Revel en 1663 (cf : la France protestante), il connaissait donc très bien la famille Martin… On lui donna un ajournement personnel pour répondre devant l’évêque de Castres à l’accusation d’avoir contrevenu aux ordres du Roi. Ses amis les plus considérables de l’une et l’autre communion en furent effrayés, et voulaient qu’il prît la fuite. Plus hardi qu’eux, il comparut devant le prélat, réfuta ses accusateurs avec tant d’esprit et de vivacité, et défendit sa cause avec tant de dignité et de force, que l’évêque en fut touché, et ne le condamna pas. Il avait été décrété de prise de corps le 30 avril 1685 ainsi que Bénech pasteur de Lacaze et Laroqueboyer pasteur de Viane (archives du Tarn B 241).Son église est saccagée par cinquante soldats, sous la direction du commissaire Barbara. Le mobilier du Temple est donné à l’église catholique ; le cimetière, voisin du Temple est transformé en jardin ! Martin demeure malgré tout dans le pays, prêchant secrètement de campagne en campagne. Menacé, traqué, sauvé par des amis catholiques, il part enfin ; et, tout en fuyant, prêche à Castres, Revel, Puylaurens. |
Il est vrai que David Martin a prêché le 21 novembre 1685 à La Haye, mais il n’y a pas été pasteur, ni à Delft. Il fut assigné à l’église wallonne d’Utrecht, en 1685, et il y est resté, d’abord comme « pasteur Français refugié », puis, en 1686, comme « pasteur ordinaire », jusqu’à sa mort, le 9 septembre 1721. Il n’a pas desservi d’autres paroisses aux Pays-Bas (informations transmises par le professeur H.J. de Jonge) Lorsqu'en 1695 meurt Isaac Claude, ministre de l'Eglise de La Haye, David Martin prend la tutelle de son fils Jean-Jacques, âgé de 11 ans. Cet enfant est le petit-fils du célèbre Jean Claude, grand théologien protestant français, ami intime et allié de David Martin. Celui-ci s'occupe de sa formation à l'Académie d'Utrecht et le conduit dans la carrière ecclésiastique. Mais après avoir commencé son ministère en Angleterre, Jean-Jacques meurt au cours d'une épidémie de variole à l'âge de 28 ans. (voir l’annexe en fin de publication montrant l’importance et la richesse des publications de David Martin). |
L'étude de la langue française avait pour lui beaucoup de charmes, et il lui consacra une partie de son temps. Il en possédait si bien les règles, il s'était tellement pénétré de sa délicatesse et de son esprit, que lorsque l'Académie voulut donner une deuxième édition de son Dictionnaire, il lui adressa de nombreuses observations et des remarques judicieuses. Ces deux écrivains, si compétents, classent Martin dans les rangs d’une rigide orthodoxie ; et tout en reconnaissant que ses sermons sont monotones et froids, ils le classent dans le nombre des « bons pasteurs du refuge ». |
Par une ironie de la Providence, la parution de ce trésor d'exégèse qu’est la Bible Martin, fut rendue possible par la Révocation de l’Édit de Nantes qui chassa le pasteur Martin (au prix de sa vie) de sa patrie. C’est un hommage que l’on peut indirectement rendre à Louis XIV d'avoir (bien malgré lui !) joué un rôle capital dans la préservation du véritable héritage calviniste francophone !
Avec « Ostervald » on était passé sur un nouveau versant des études bibliques qui allaient dans la direction « d’un courant qui prenait la nouvelle exégèse de façon rationaliste, subjective et arbitraire ». Les sciences bibliques se trouvaient dorénavant inféodées (comme d'ailleurs l'ensemble du savoir), au nouveau modèle de la connaissance : la vision du monde avait été élaborée à partir des nouvelles sciences de la nature. |
Il existe encore 30 lettres de Martin à Cuper à la Bibliothèque Royale de La Haye, puis une à F. Halma, une à Labignotte, et deux à A. Dacier-Le Fèvre à la Bibliothèque Universitaire de Leyde, et une à Hesselius à la Bibliothèque de l’Université d’Amsterdam. Il y a aussi des lettres échangées entre lui et l’Académie Française (informations transmises par le Professeur Henk Jan de Jonge en janvier 2010). |
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